La perspective
Depuis la Renaissance italienne les représentations occidentales sont structurées par un code technique permettant de fabriquer une image coïncidant avec celle que produit la vision naturelle. La mise en perspective est un des systèmes qui suggère l'espace tridimensionnel sur une surface plate. Connues vraisemblablement dans l'Antiquité, les règles de la perspective sont redécouvertes au Quattrocento (XVe) en Italie grâce à des artistes savants comme Brunelleschi.
C'est l'italien Luca Pacioli qui en 1509 publie le premier traité sur la question: " DE DIVINA PROPORTIONE".
LA PERSPECTIVE LINEAIRE est l'art de représenter par des lignes les objets tels qu'ils paraissent vus à une certaine distance et dans une position donnée.
En superposant des calques à la photographie ci-dessus, nous pouvons réaliser des tracés qui nous permettent de déduire les principes suivants:
Les lignes parallèles dans la réalité sont concourantes en perspective, leur point de rencontre s'appelle le point de fuite.
Tous les points de fuite des lignes horizontales sont situés sur une même ligne: la ligne d'horizon. Elle correspond à la hauteur des yeux de l'observateur, du photographe, du spectateur.
Les lignes verticales restent verticales et parallèles. Les horizontales frontales restent également, en perspective, horizontales et parallèles.
Les points équidistants sur une ligne non frontale, semblent, en perspective, être de plus en plus rapprochés en s'éloignant de l'observateur. En outre, la taille d'objets identiques semble diminuer.
Ces principes vont nous permettre de construire des volumes dans l'espace et de créer ainsi la troisième dimension, celle qui complète la largeur et la hauteur, c'est à dire la profondeur.
Plusieurs cas de figures peuvent se présenter et pour chacun, on utilisera un type de perspective bien particulier.
LA PERSPECTIVE CONIQUE - VUE FRONTALE
Dans la vue frontale, il y a un seul point de fuite sur la ligne d'horizon. Il correspond à la position du dessinateur dans le cadre du dessin... ce n'est pas forcément au milieu.
Si nous prenons un parallélépipède, en vision frontale, il présenta un de ses côtés au dessinateur. Il est ainsi vu de front ou de face. Si sa section est carrée nous dessinerons un carré, si elle est rectangulaire, nous tracerons un rectangle.
Pour construire ce parallélépipède en perspective, il faut mener des fuyantes au point P (point de fuite) par les quatre angles du carré ou du rectangle. Après avoir défini la profondeur souhaitée, il faur tracer entre les fuyantes, un carré (ou un rectangle) semblable à celui du premier plan. Il est plus petit.
Il n'y a donc que trois sortes de traits: les verticales, les horizontales et les fuyantes au point P.
Piero della Francesca - 1480 - "La cité idéale"
Carlo CRIVELLI - - L'annonciation.
PERSPECTIVE CONIQUE-VUE SUR L'ANGLE
Dans la perspective vue sur l'angle, le parallélépipède présente une arête et non une face au dessinateur.
Les côtés du parallélépipède sont des fuyantes vers la droite et vers la gauche. Les parallèles gauches vont se rejoindre sur la ligne d'horizon HH' au point F et les parallèles droites vont se rejoindre toujours sur la ligne HH' au point F 90.
Pourquoi F et F 90? F et F 90 sont les points de fuite d'un angle droit. (90°).
Pour construire un parallélépipède en perspective vue sur l'angle, il nous faut tout d'abord tracer l'arête. Elle se matérialise par un trait vertical. Des deux extrémités de l'arête, il faut construire des fuyantes à F et F 90. Déterminons la profondeur, soit par choix, soit par observation, en traçant une arête verticale entre les deux fuyantes de droite et de gauche.
De ces ceux nouvelles arêtes, construire des fuyantes en F et F 90. Il se trouve que ces arêtes sont déjà sur un tracé de fuyantes. Il ne reste qu'à tracer la fuyante qui manque.
Il est souhaitable, bien que pas toujours nécessaire de tracer également les fuyantes que nous ne voyons pas dans certains cas. Celles qui sont placées derrière. Ne serait-ce que pour comprendre comment s'installe un parallélépipède dans l'espace.
Les points de fuite peuvent se multiplier à l'infini parce que les volumes peuvent avoir des directions différentes.
PERSPECTIVES AXONOMETRIQUES
Les perspectives axonométriques sont des systèmes de représentation de l'espace qui montrent les objets tels que les verrait un observateur placé très loin ( en théorie à l'infini).
Les fuyantes sont parallèles. Ce sont des systèmes "passe-partout" très utilisés en architecture, en dessin mécanique et ... dans les arts d'Extrême Orient.
Ecole des TOSA Scène de la vie Japonaise VAN DOESBURG & VAN EESTREREN Projet de maison
Musée Guimet Musée d'art moderne de New York
La prespective cavalière : L'isométrie:
L'isométrie et la perspective cavalière sont des projections axonométriques.
LA PERSPECTIVE ATMOSPHERIQUE:
La perspective atmosphérique ou perspective aérienne concerne la transformation de la couleur d'un objet par son éloignement. La valeur d'un objet sera de plus en plus claire selon son éloignement de plus en plus important par rapport à l'observateur. Les couches successives d'atmosphère qui s'interposent entre les objets et l'oeil de l'observateur voilent progressivement la teinte locale des objets de plus en plus éloignés, les enveloppant d'un voile bleuté de plus en plus dense. Les lointains sont plus clairs et plus bleutés.
Léonard de Vinci 1485-1508 " La Vierge au rocher"
L'association de la perspective linéaire et de la perspective atmosphérique utilisées selon le seul souci technique a conduit, dans son extrême conséquence, à la peinture en trompe-l'oeil qui, dans certains cas, se révèle être seulement un exercice de virtuosité.
Aldo PAVAN "fresque des Canuts' - Croix Rousse - Lyon
Andréa MANTEGNA "Coupole de la chambre des époux" Palais ducal de Mantoue 1465-1474.